Dans la première moitié du XXe siècle, le musée s’orienta principalement vers l’art chinois ancien. Dans les années 1950, il s’ouvrit à la peinture moderne. Aujourd’hui, notamment grâce aux dons, le musée se développe aussi bien dans le domaine de l’art ancien que contemporain.

Si la collection chinoise du musée Cernuschi, qui compte près de 8000 objets, est principalement constituée de pièces de bronze et de céramique, elle comprend aussi d’importants ensembles de sculptures sur pierre et de peintures sur papier ou sur soie. Par le nombre et la diversité des œuvres qui la composent, elle permet d’évoquer plus de 5000 ans d’histoire de la Chine. À la fondation du musée en 1898, les collections léguées à la ville de Paris par Henri Cernuschi étaient rassemblées autour de deux pôles : la Chine et le Japon. L’intérêt singulier de cet amateur d’art visionnaire pour les bronzes l’avait conduit à acquérir, entre autres pièces antiques de grande importance, le tripode Shan ding de la période des Zhou de l’Ouest (vers 1050 – 771 avant J.-C.), qui présente la plus longue inscription sur un bronze chinois daté de cette période conservé dans les musées européens. Le goût de Cernuschi pour les bronzes s’étendait également aux périodes plus récentes de l’art chinois, notamment aux pièces des dynasties Song (960–1279), Yuan (1279–1368), Ming (1368–1644) et Qing (1644–1911) — lesquelles ont récemment fait l’objet d’une spectaculaire réévaluation par la communauté scientifique après plus d’un siècle d’éclipse.

Largement relayés par les sinologues et archéologues européens, les résultats des premières fouilles archéologiques, à partir des années 1910, orientèrent la politique d’acquisition du musée Cernuschi vers la Chine antique et préhistorique. De nombreux vases en terre cuite et jades datant du néolithique, objets les plus anciens de la collection, furent obtenus dans l’entre-deux-guerres. Il en est de même des substituts funéraires des dynasties Han (206 avant J.-C. – 220) et Tang (618–907), des sculptures en pierre témoignant de l’arrivée du bouddhisme en Chine ou encore des briques historiées et des estampages, qui modifièrent profondément la physionomie de la collection d’art chinois léguée par Cernuschi. Cette période fut également marquée par l’acquisition du fameux vase you en forme de tigre enserrant un être humain, pièce maîtresse de l’époque des Shang (vers 1600 – vers 1050 avant J.-C.) qui s’impose désormais comme l’une des œuvres phares de la collection.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la place nouvelle accordée aux artistes asiatiques contemporains dans la programmation des expositions du musée s’accompagna bientôt d’un élargissement de la politique d’acquisition. Avec la donation Guo Youshou en 1953, un très grand nombre de figures majeures de la peinture chinoise du XXe siècle rejoignirent les collections du musée, contribuant ainsi à renforcer son identité singulière dans un paysage de musées européens d’arts asiatiques encore presque exclusivement tournés vers le passé. Durant toute la seconde moitié du XXe siècle, la collection chinoise fut marquée par un accroissement remarquable de ses fonds anciens et modernes. En 2016, la donation de Françoise Marquet-Zao a permis d’enrichir le musée d’un ensemble important d’œuvres sur papier ou sur céramique de Zao Wou-Ki, mais également de bronzes et de céramiques provenant des collections d’art chinois ancien rassemblées par le peintre : cet apport récent a conforté le profil d’une collection tournée à la fois vers les arts de la Chine ancienne et ceux de la Chine moderne et contemporaine.

Chine moderne

Chine contemporaine